La semaine des 4 jours et demi (4ème partie)
Posté le Tue 28 October 2014 dans Ecole
Temps de lecture estimé : 5 minute(s).
Je poursuis ma réflexion concernant la semaine des 4 jours et demi.
A lire avant :
- La semaine des 4 jours et demi (1ère partie)
- La semaine des 4 jours et demi (2ème partie)
- La semaine des 4 jours et demi (3ème partie)
Qui va payer ?
Dans le cadre de la priorité qu'il donne à l'éducation, le Gouvernement participe au financement de cette réforme, qui permet d'améliorer la répartition du temps scolaire et de faire accéder davantage d'écoliers à des activités après la classe.
Un fonds d'amorçage de 250 millions d'euros, débloqué dès 2013, accompagne les communes dans sa mise en œuvre. Il les aide à redéployer les activités périscolaires déjà existantes (notamment celles organisées actuellement le mercredi matin), et à en proposer de nouvelles.
La France compte aujourd'hui 36 681 communes, et un fonds de 250 millions d'euros a été débloqué. Cela représente une allocation moyenne de 6 815 € par commune. On imagine bien que les grandes communes, qui ont plus d'enfants scolarisés, vont recevoir une plus grande subvention que les petites communes rurales. Une commune comme la mienne (500 habitants) recevra donc bien moins que ces 6 815 €.
La semaine des 4 jours et demi entraine des frais supplémentaires pour les communes, à savoir :
- Les frais de transport supplémentaires (pour les RPI, liaisons en bus 1 jour supplémentaire par semaine)
- Mise en place des activités périscolaires (4 heures supplémentaires par semaine)
- Surveillance éventuelle le matin avant l'école.
Je ne connais pas tous les chiffres, mais pour prendre un exemple simple, je sais que la commune dans laquelle travaille ma femme, qui est enseignante, dépense cette année 3 500 euros pour la mise en place d'activités périscolaires pour 32 enfants. L'école compte en vérité 125 enfants. Donc si on voulait prévoir une activité périscolaire pour tout ce petit monde, on dépasserait déjà allègrement les sommes évoquées plus haut. Et cela uniquement pour la mise en place des activités périscolaires, sans compter tous les autres frais engendrés pour les communes.
L'allocation des aides tient compte des inégalités : chaque commune reçoit 50 euros par an et par enfant scolarisé, et les communes les plus en difficulté (celles situées en zone urbaine sensible ou en zone rurale revitalisée) bénéficient d'un soutien financier supplémentaire portant cette aide à 90 euros par enfant.
La Caisse nationale des allocations familiales s'engage également en créant une nouvelle aide pérenne de 54 euros par an et par enfant pour aider les communes à organiser les activités périscolaires de loisir.
A la rentrée 2013, la France comptait 6 760 600 élèves du premier degré (écoles maternelles et élémentaires). En comptant 50€ par enfant, on obtient un budget d'environ 338 millions d'euros, sans tenir compte du soutien financier supplémentaire pour les zones urbaines sensibles et les zones rurales revitalisées. A cela, on va ajouter encore environ 365 millions d'euros du subvention provenant de la CAF (54 euros par enfants).
Donc si je récapitule : 338 millions + 365 millions = un budget de 250 millions d'euros. Pas mal. Et après on s'étonne que la France soit en déficit...
Cela me fait me poser une question : Si on compte un salaire moyen pour les professeurs des écoles d'environ 3000 € bruts mensuels. A cela, on ajoute les charges patronales. Je ne sais pas exactement comment ça fonctionne dans le secteur public, mais on va faire comme pour le privé, ça ne peut pas être pire. Donc disons 75% supplémentaires. On arrive à un coût moyen mensuel par enseignant de 5250 €, soit 63 000 euros annuels. Donc :
- Avec un budget de 250 millions d'euros, on pourrait embaucher presque 4 000 professeurs supplémentaires.
- Avec un budget de 703 millions d'euros (338 + 365), on pourrait embaucher plus de 11 000 professeurs supplémentaires.
Enfin, pour les communes qui passeront à la semaine de 4,5 jours en 2014, le Premier ministre s'est engagé à prolonger les aides l'année prochaine, avec le même système d'attribution.
Les communes toucheront donc des aides en 2014 et 2015, et après c'est terminé. Plus rien. Que va-t-il se passer alors ? Les animateurs vont-ils faire du bénévolat à partir de la rentrée 2015 ? Les mairies vont-elles continuer à financer ces nouvelles activités périscolaires ? Y aura-t-il plus de facilités pour trouver un mode de garde convenable à la sortie de l'école ? Nos impôts locaux vont-ils augmenter ?
Un dernier mot
Pour terminer, un sujet qui n'est pas du tout abordé : celui des frais supplémentaires des familles. Parce que oui, les communes ont plus de frais. Mais les familles aussi. Pour elles, les 4 jours et demi ce sont :
- Des frais de garde supplémentaires le matin, si on peut pas décaler nos horaires de travail,
- Des frais de garde supplémentaires le soir, parce qu'on ne peut pas être à 15h30 devant l'école.
- Des activités périscolaire pour lesquelles une participation financière peut être demandée aux parents.
- Des frais de garde supplémentaires le mercredi, parce que bien souvent la garde du mercredi était pensée autrement.
Si je prends le cas d'un famille standard, dont les 2 parents travaillent à temps plein et qui ont 2 enfants. Un cas tout à fait optimiste, où les parents n'ont pas besoin de mode de garde le matin, et peuvent s'arranger le mercredi. Cela fait 1h de garde supplémentaire par jour, 4 jours par semaine. Un tarif de 2€80 l'heure. On a quand même déjà un budget mensuel supplémentaire de 90 € par mois, soit environ 8% d'un smic net. Et il s'agit d'un cas optimiste.
Alors qu'on arrête un peu de se foutre de notre gueule en nous faisant croire que cette réforme ne coûte rien. Elle a coût non négligeable, pour tout le monde : l'état, les communes, les particuliers.
Et tout cela pour une réforme bâclée...
A suivre ici : La semaine des 4 jours et demi (5ème et dernière partie)