Je suis une vache laitière dans une ferme capitaliste

Posté le Thu 09 July 2015 dans Humeur
Temps de lecture estimé : 4 minute(s).

Note : le parallèle fait ici entre un homme et une vache laitière est un ressenti général sur notre époque. Je ne parle pas de mon cas personnel, pas de ma vie, pas de ma famille, pas de mon entreprise.

Je suis une vache

Je suis une vache. A l'état naturel, j'aime me promener librement dans les prés, me nourrir dans les pâturages, me reposer à l'ombre d'un arbre, nouer des contacts avec mes semblables, et bien sûr élever mes petits.

Mais nous sommes au XXIème siècle, et aujourd'hui, je suis confinée dans une étable surpeuplée et attachée par une chaine toute la journée. Je ne peux pas vraiment me dégourdir les jambes, et à peine me retourner. Je me nourris de la nourriture hyper-énergétique bourrée de pesticides qu'on veut bien m’apporter, et je souffre de maladies telles que la boiterie, la mammite ou l'épuisement.

Tous les jours, on me fait ingurgiter de grandes quantités de nourriture afin que je puisse produire toujours plus de lait et enrichir les éleveurs et les producteurs. On me traie, jour après jour, sans repos, jusqu'à ce que je n'en puisse plus et qu'on décide de se séparer de moi, et de m'envoyer à l’abattoir. Si par malheur mon comportement ne convient pas, il arrive qu'on me punisse en me donnant une décharge électrique. Peu importe mon bien-être, de toute façon c'est le fermier qui décidera de ce qui est bon pour moi... ou pour son porte-monnaie.

Afin d'assurer la future production de lait, on m'insémine artificiellement une fois par an environ. J'aime mes petits veaux. J'ai envie de les élever, de passer du temps avec eux. Pourtant, on me les arrache dès la naissance pour que je puisse continuer à produire du lait. Lui sera nourrit avec du lait de substitution, et entrera dès sa maturité dans le même cycle de vie infernal que moi.

Si j'ai de la chance, on me laisse parfois aller dans les pâturages l'été. Et même si on continue à me traire, je peux alors profiter un peu de ma liberté perdue. Je me rends alors compte combien le temps libre est important, combien la vie de vache peut être agréable, et combien les relations avec mes semblables sont enrichissantes.

Je me dis alors que le fonctionnement de la ferme dans laquelle je vis est vraiment absurde...

Je suis un homme

Je suis un homme. A l'état naturel, j'aime me promener librement à la ville ou à la campagne, me nourrir de choses diverses et variées, me reposer dans un hamac ou sur une plage, nouer des contacts avec mes semblables, et bien sûr élever mes enfants.

Mais nous sommes au XXIème siècle, et aujourd'hui, je suis cloitré dans un open-space surpeuplé, assis sur une chaise de bureau inconfortable toute la journée. Je ne peux pas vraiment me dégourdir les jambes, et à peine me lever pour aller prendre un café. Je me nourris de la nourriture hyper-calorique et bourrée de pesticides et de conservateurs que je trouve en super-marché, et je souffre de maladies telles que l'obésité, le mal de dos, ou le burnout.

Tous les jours, on me bombarde de grandes quantités de publicité, afin que je puisse dépenser toujours plus d'argent pour consommer et enrichir les sociétés et leurs dirigeants. On m'use, jour après jour, sans repos ou presque, jusqu'à ce que je n'en puisse plus et qu'on décide de se séparer de moi, et de me licencier. Si par malheur mon comportement ne convient pas, il arrive qu'on me punisse en m'envoyant devant les tribunaux. Et peu importe mon bien-être, de toute façon ce sont les lobbies, à travers notre gouvernement, qui décideront de ce qui est bon pour moi... ou pour leur porte-monnaie.

Afin d'assurer la consommation future, on m'incite à faire des enfants. J'aime mes enfants. J'ai envie de les élever, de passer du temps avec eux. Pourtant, je dois les placer en crèche ou chez une gardienne dès la naissance pour pouvoir continuer à travailler. Lui sera nourrit avec du lait de substitution, ou du lait maternel congelé, et entrera dès sa maturité dans le même cycle de vie infernal que moi.

Si j'ai de la chance, on me laisse parfois partir en vacances l'été. Et même si on continue à me ponctionner, je peux alors profiter un peu de ma liberté perdue. Je me rends compte alors combien le temps libre est important, combien la vie d'homme peut être agréable, et combien les relations avec sa famille et avec les autres sont enrichissantes.

Je me dis alors que la société dans laquelle je vis est vraiment absurde, voire même gravement malade...