Il faut savoir oublier, laisser tomber
Posté le Thu 07 January 2016 dans Réflexions
Temps de lecture estimé : 8 minute(s).
Cela fait des années que j'essaie de trouver la bonne manière d'organiser mon temps. De gérer mes priorités. D'avancer dans mes projets. Cela fait des années que je cherche LA solution miracle pour enfin arriver à m'organiser correctement. Et je me demande aujourd'hui si finalement, la meilleure méthode ce ne serait pas simplement de ne plus chercher à m'organiser.
Retour d'expérience
J'ai testé différentes méthodes d'organisation (les meilleures étant pour moi GTD et Pomodoro), différents outils de gestion de todos plus ou moins complets et/ou complexes (de The Emergent Task Planner à Remember The Milk en passant par todo.txt). J'ai essayé de trier mes tâches grâce à la Matrice d'Eisenhower. J'ai testé la bonne vieille méthode calepin/papier/stylo, qui n'est de loin pas la plus mauvaise. J'ai essayé de m'organiser avec et sans calendrier, avec et sans dates butoires. J'ai essayé de classer mes tâches par priorité, par urgence, par contexte de lieu, par projet, par niveau de motivation en fonction de l'heure de la journée. Bref, j'ai essayé.
Je suis d'un naturel assez enthousiaste. J'aime la nouveauté, le changement. Je pense être quelqu'un de créatif (en tout cas, j'essaie d'exercer ma créativité régulièrement). La conséquence négative de tout ceci, c'est que je n'aime pas la répétition. Vraiment pas. Alors quand on me parle de règles, d'horaires fixes, de projets à très long terme, cela me fait grincer des dents. Et au final, quand on me parle d'organisation du temps, ça m'emballe pas non plus.
C'est pour cette raison qu'en général, lorsque j'essaie une nouvelle méthode d'organisation, cela dure au mieux quelques mois. Et puis, une fois que j'ai compris la méthode, ce qu'elle a d'intéressant, ce qu'elle a de mois intéressant, je me retrouve face à la routine quotidienne des tâches de gestion, d'organisation, de planification. Ce n'est pas motivant. Alors je me lasse. Et je finis par laisser tomber.
Un demi-échec
Au final, je me retrouve aujourd'hui à me poser une question qui en ferait protester plus d'un : Est-ce si important de gérer ses tâches et d'organiser son temps ? Ne vaut-il parfois pas mieux laisser tomber certaines choses à faire, et désencombrer nos listes, et par la même occasion nos vies ? Car après tout, si on les oublie, c'est qu'elles n'étaient peut-être pas si importantes que ça, toutes ces choses...
Ces années d'expériences se soldent aujourd'hui par un demi-échec. Malgré toutes mes tentatives, je n'ai aujourd'hui toujours pas de solution pour gérer convenablement mes tâches. Je n'ai pas la motivation pour tenir un calendrier à jour. Je n'ai pas la rigueur pour maintenir efficacement des listes. Alors, je continue à noter les choses importantes à faire sur un calepin, car au final c'est ce qui me demande le moins de temps. Mais cela me pose problème. A une époque ultra-connectée, avec des outils des gestion par dizaines, la meilleure solution que j'ai est un calepin et un stylo.
Le côté pervers des listes
En même temps, c'est aussi une demi-victoire, car je me rends compte du côté pervers de la gestion du temps, et je sais dans quels travers je ne veux pas tomber. Car dans la majorité des cas, peu importe la méthode choisie, on se retrouve avec des listes qui s'allongent au fil du temps. Des listes qui se remplissent de choses inutiles qu'on aurait mieux fait d'oublier. Des listes qui demandent alors à être organisées, classées, priorisées. Des listes qu'il faut maintenir.
Et au final, nos listes nous prennent non seulement une partie non négligeable de notre temps, mais en plus elles plombent notre moral et notre motivation, parce qu'on se rend compte qu'on aura pas le temps de faire la moitié de ce qui est écrit dessus. Et à chaque fois que je regarde ma liste de choses à faire, je vois tout ce travail qui m'attend, et c'est alors une fine couche de stress qui vient s'ajouter à la précédente, et ainsi de suite.
Ce que je retiendrais donc de ces expériences, c'est qu'il ne faut pas faire de listes. Enfin disons plutôt qu'il ne faut pas chercher à en faire, et que si on décide d'en faire une, il faut y mettre un minimum de choses. Parce qu'ensuite, à chaque fois qu'on va la regarder, on va se rendre compte de la quantité de choses qui nous attendent, et que cela va générer stress et démotivation. Permettons-nous d'oublier, de laisser tomber certaines choses, parfois même importantes.
Mise en pratique
Les vacances de Noël ne sont pas les plus reposantes qui soient. Et depuis Noël dernier, je me sens stressé. La rentée est difficile. Je suis de mauvaise humeur, et les sources en sont multiples. L'une d'elles est sans aucun doute cette liste des tâches qui n'en fini pas, et qui ajoute une couche de stress à chaque fois que je la regarde. J'ai donc décidé de reprendre à zéro, et d'oublier.
Voici quelques exemples :
Le bordel du garage
C'est le bordel dans mon garage. Je dois le ranger. Je me le dis à chaque fois que je prends ma voiture le matin, et à chaque fois que je rentre le soir. C’est également inscrit sur ma liste de choses à faire. Cette liste que je regarde au moins 5 fois par jour. Du coup, au lieu de penser matin et soir à ce travail pas très enthousiasmant qui m'attend, j'y pense matin, soir, et à chaque fois que je consulte ma liste. C'est inutile. Ce n'est pas urgent au point d'y penser 7 fois par jour. Je rangerai mon garage quand j'aurai le temps (ou quand ma femme n'en pourra vraiment plus de ce bordel :-)) En attendant, j'oublie.
Tailler les plantes
L'été dernier, j'ai commencé à aménager un coin de mon jardin. Je voudrais remplacer certaines plantes un peu trop envahissantes (cornouiller, thuya) par des plantes plus petites et plus diversifiées. J'ai commencé à tailler tout ça l'été dernier, mai je n'ai pas terminé. Et depuis, c'est sur ma liste de choses à faire. J'y pense donc tous les jours, alors que concrètement, je ne veux rien faire maintenant : c'est l'hiver. Et puis de toute façon, même en l'ayant écrit sur une liste, c'est quelque chose qui demande du temps et du matériel. Ce n'est pas une tâche qui peut s'improviser. Alors à quoi bon laisser cela sur une liste ? Si j'ai du temps libre au printemps prochain, je le ferai. Si j'y repense. Et si je n'y repense pas, c'est que finalement le cornouiller et le thuya ce n'est pas si mal que ça... En attendant, j'oublie.
L'album photo
En avril 2015, nous sommes partis en Islande. En revenant, j'ai commencé un album photo. Il faudrait que je termine cet album photo. Ça aussi, c'est sur ma liste. Ça aussi, j'y pense tous les jours. Plusieurs fois par jour. Faire un album photo c'est assez agréable. Mais cela demande du temps et de la motivation. Et depuis plusieurs semaines, je n'ai pas trouvé cette motivation pour le continuer. Aujourd'hui, je me pose une question : Si l'envie de continuer n'est pas au rendez-vous, n'est-ce pas justement parce que j'y pense tous les jours ? N'est-ce pas parce que je vois cet album photo comme encore une tâche de plus ? Peut-être que si cela ne figurait pas sur une liste, j'aurais, après quelques semaines de pose, pris plaisir à continuer... Donc pour l'instant, j'oublie.
Rédiger un blog
Ce blog a aujourd'hui plus d'un an, et ceci est le 63ème article. Il n'y a aucune liste d'articles à écrire. Je n'y pense pas tous les jours. Cela ne me stresse pas. Si je n'écris rien pendant 2 mois, tant pis, c'était clair dès le départ. Et au final, il ne s'est jamais écoulé 2 mois sans que j'écrive quelque-chose. Parce que quand j'y pense, ce n'est pas une corvée, c'est une envie. L'envie de faire quelque-chose de non contraignant, de non obligatoire. Je pense sincèrement que je suis motivé pour écrire parce que justement je ne me fixe aucune contrainte, aucun objectif. Et je crois que je tiens là un véritable exemple pour lequel l'oubli apporte quelque-chose.
En conclusion
Les listes ont un côté pervers, et ne conviennent pas à tout le monde. Je connais plein de personnes qui fonctionnent avec des listes. Je ne sais pas si elles arrivent à bien gérer le stress et la démotivation qui en découle, mais il semble qu'elles trouvent l’énergie et la rigueur suffisante pour travailler correctement avec. Ce n'est pas mon cas. Les listes me desservent plus qu'elles ne m'aident. C'est pour cela que j'ai décidé d'essayer d'oublier. De laisser tomber. De lâcher prise.
Et advienne que pourra de toutes ces choses à faire qui m'encombraient l'esprit.